Dans l'Odyssée d'Homère, Athénée, sous les traits de Mentès, conseille à Télémaque de partir à Pylos, puis à Sparte, à la recherche de son père Ulysse. L'assemblée des Dieux a en effet exprimé le souhait qu'Ulysse abandonne l'île de Calypso et rentre à Ithaque. Pourtant, toujours dans l'Odyssée, Télémaque disparaït, entre le chant IV et le chant XV, et Homère ne nous éclaire que sur les origines et le succès final de son héros.
C'est dans ce manque, cette absence que s'immisce Fénelon pour nous raconter l'errance du fils d'Ulysse dans une Méditerranée mythique. C'est dans cette faille qu’il façonne à sa guise l'histoire inconnue d'un personnage, moins caractérisé que les autres grands héros.
Pour l'instruire en l'amusant, Fénelon propose au duc de Bourgogne, petit fils de Louis XIV, un tour du monde homérique, une « carte du Tendre » en forme de périple autour de la Méditerranée, où alternent récits et aventures : l'amour, la mort, la lutte contre le monstre… À travers la passion de Télémaque pour Eucharis et son chaste amour pour Antiope, Les aventures de Télémaque sont riches de poésie allégorique et de mythes captivants. Présentées par lui-même comme une « Narration fabuleuse en forme de poème héroïque… où j'ai mis les principales instructions qui conviennent à un prince… », Les Aventures comportent également une leçon politique et morale claire. Elle s'adresse à un prince que sa naissance destine à régner.
En aucune façon, Fénelon ne souhaite la publication de Télémaque, œuvre strictement réservée à l'éducation des princes. Publiée en 1699 sans son accord, elle connaît un grand succès. Considéré comme l'auteur d'une satire ouverte de Louis XIV et d'un roman à clef, Fénelon se trouve plongé, bien malgré lui, dans un scandale politique qui le mène à la disgrâce. « Il aurait fallu que j'eusse été non seulement l'homme le plus ingrat, mais encore le plus insensé pour y vouloir faire des portraits satiriques et insolents. J'ai horreur de la seule pensée d'un tel dessein », nous dit-il pourtant.
Quoiqu'il en soit, Fénelon a trouvé dans l'univers mythologique un véhicule pour la richesse de sa pensée. Epopée, roman ou encore idylle, il joue des genres et des styles. Qu'il soit considéré comme un récit aux « charmes inconnus » (Voltaire), ou de « l'antique ressaisi naturellement et sans effort par un génie moderne » (Sainte Beuve), Les Aventures de Télémaque sont une invitation au voyage.
Fénelon, entre Homère et Virgile, nous y dépeint, tel un promeneur contemplatif sur les rivages d'un monde ancien, un héros emporté de tempêtes en naufrages, d'île en île, dans un monde adolescent et mythologique.
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François de Salignac de la Mothe-Fénelon, évêque et écrivain français, naît le 6 août 1651 au château de Fénelon.
Ordonné prêtre en 1675, il commence sa carrière d’écrivain avec Le traité du ministère des pasteurs (1688), dans lequel il établit l’illégitimité des ecclésiastiques protestants, et Le traité de l’éducation des filles (1689). Il gagne la confiance de Bossuet qui le recommande à Louis XIV. Séduit, le roi lui confie la Direction d’une mission en Saintonge et en Poitou, provinces troublées par le fanatisme religieux.
En pleine révocation de l’Édit de Nantes, Fénelon parvient à calmer ces provinces agitées grâce à sa prudence et à son habileté à accommoder le catholicisme sans renoncer à l’essentiel. En 1689, Louis XIV le choisit comme précepteur de son petit-fils, le Duc de Bourgogne. Il compose pour le prince des résumés historiques (Dialogues des morts), des traités littéraires (Fables), et surtout Les aventures de Télémaque. À la fin de son préceptorat, en 1694, il est nommé archevêque de Cambrai.
Gagné au quiétisme professé par Mme Guyon (et condamné par l’Eglise dès 1691), il publie son Explication des maximes des Saints, fortement influencée par l’hérésie guyonniste. Ce texte, contemporain des Aventures…, provoque la rupture avec Bossuet qui obtient la condamnation du livre par le Saint-Siège. Fénelon semble dès lors poursuivi par les ennuis. Considérant Les Aventures… comme une critique de son règne, Louis XIV ordonne l’arrêt de l’impression et la disgrâce de son auteur.
Désormais « exilé » dans son diocèse, Fénelon se consacre à l’instruction religieuse et au secours des fidèles. Visité par des étrangers de distinction, recherché pour ses conseils, qu’il est le premier à mettre en pratique, il écrit encore un Manuel de piété, ainsi que des Lettres, dans lesquelles il fond « son » quiétisme dans le catholicisme traditionnel.
Être un peu chimérique, sentimental, à la fois sévère et courtois, lettré, raffiné et gai, aimant les artistes, délicat et pourtant rigoureux, Fénelon est le contemporain de Bossuet par l’âge, et de cette époque de transition qu’est la fin du Grand Siècle. Il est également très proche, en esprit, des « hommes sensibles » du XVIIIe, dont Rousseau sera la plus fidèle incarnation.
Fénelon meurt à Cambrai le 7 janvier 1715.
Titre de l'oeuvre : Les Aventures de Télémaque
Nom de l'auteur : François Fénelon
Publié par : UPblisher
Date de publication : 20 sept. 2013
Langue de publication : Français
Genre : Roman
Thèmes : Société, politique
Nombre de pages : 399 (Ce nombre est basé sur le format pdf)
Format de fichier : PDF
ISBN : 978-2-7599-0126-5
Poids du fichier : 1.8 Mo
Format de fichier : ePub
ISBN : 978-2-7599-0127-2
Poids du fichier : 0.35 Mo
Format de fichier : Kindle
ISBN : 978-2-7599-0128-9
Poids du fichier : 0.56 Mo